Roskomnadzor, l’administration en charge de la censure en Russie n’a pas réussi à soumettre Facebook à sa volonté. Le réseau social mondial ignore les punitions que l’administration russe lui inflige pour désobéissance. Dernière en date, Facebook n’a pas payé une amende infligée par la censure russe pour… le refus d’ouvrir ses dossiers à la censure. Le montant de l’amende de 3000 roubles (40 euros) est insignifiant mais pour l’entreprise de Mark Zuckerberg il s’agit d’une question de principe : Roskomnadzor exige d’avoir l’accès aux données personnelles des 42 millions d’utilisateurs russes de Facebook. La censure en Russie utilise ces accès pour identifier les opposants et les dénoncer au FSB, la police politique du Kremlin. Les réseaux sociaux russes VKontakte, Odnoklassniki etc collaborent avec le FSB en lui ouvrant l’accès aux données personnelles permettant d’ouvrir la chasse aux auteurs des commentaires critiques envers le Kremlin. Quelques 227 internautes ont été condamnés à des peines de prison pour des commentaires contestataires en 2017 selon le centre de recherches SOVA.
Facebook fait donc la sourde oreille aux demandes de la censure russe. L’entreprise a aussi l’habitude de ne pas exécuter les injonctions de supprimer des contenus jugés « illégaux » par Roskomnadzor, le plus souvent il s’agit des pages créées par les opposants pour diffuser des appels à se mobiliser et à manifester. Le réseau social dispose d’un atout de taille : l’entreprise américaine n’a ouvert aucune représentation en Russie, aucun bureau dont les responsables pourraient être emprisonnés pour désobéissance et les comptes bancaires saisis. Face à Facebook, l’administration russe est privée de ses moyens d’intimidation habituels. La seule issue envisageable aujourd’hui, selon les analystes, serait d’attaquer l’entreprise devant un tribunal de Californie lui réclamant l’exécution des décisions de la censure russe. Le succès de cette démarche n’est pas assuré…