Pour pallier la baisse des recettes pétrolières le gouvernement russe pioche dans le Fonds souverain et s’apprête à dénoncer les conventions fiscales bilatérales qui annulaient la double imposition. La convention fiscale avec la France est virtuellement concernée mais elle n’est pas la première visée par la mesure.
L’économie russe connait un nouveau glissement : le rouble vient de chuter au taux de change. Il est passé de 69 roubles pour un euro mi-février à 88 roubles pour un euro mi-mars avant de se redresser légèrement. En cause, la baisse des prix du pétrole provoquée par le refus de la Russie de s’associer à un accord sur la réduction de la production au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEC). Malgré les annonces à répétition sur la diversification de l’économie nationale, les revenus de l’Etat russe proviennent toujours essentiellement des exportations du pétrole et du gaz. En torpillant l’accord OPEC le gouvernement russe s’est tiré une balle dans le pied.
Les conséquences de ce geste n’ont pas tardé, Moody’s vient d’abaisser sa prévision de la croissance russe en 2020, à 0,5% contre 1,5% auparavant. L’agence explique cette révision du pronostic par la baisse des prix du brent de 30% et la baisse marquée de la demande intérieure, sans encore évaluer l’impact de la crise sanitaire. Sur fond d’un besoin impérieux d’aider les entreprises impactées par la crise, l’agence s’attend à une révision du budget public qui deviendrait déficitaire.
Pour pallier au déficit qui s’annonce, le gouvernement russe cherche à mobiliser les ressources existantes et en premier lieu son fonds souverain, le Russian National Wealth Fund. Rempli grâce aux revenus provenant de la vente du pétrole et du gaz, il totalisait un peu plus de 100 milliards d’euros début mars 2020, placés en partie en devises ce qui met l’investissement à l’abri des fluctuations du taux de change. Le rôle de ce fonds est de permettre le financement de la politique sociale de l’Etat russe, notamment le versement des retraites qui restent à sa charge, en cas de baisse des prix du pétrole. Une condition qui semble s’approcher à grands pas. En attendant le gouvernement a trouvé une combine pour sortir des liquidités du Wealth Fund sans modifier les règles. La Banque de Russie qui détient 50% du capital de la banque Sberbank, va vendre ces parts… à l’Etat russe qui le paiera avec l’argent du Wealth Fund, pour un total d’un peu plus de 30 milliards d’euros. Une opération purement comptable sur le fond et qui mettra de l’argent frais à la disposition du gouvernement… La suite de cet article est réservée aux abonnés.
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