Français expatriés en Russie, attention aux bavardages. L’ensemble des fournisseurs d’accès internet russes sont aujourd’hui « branchés » avec une dérivation appelée SORM et qui permet au FSB, la police politique russe de lire la correspondance et de surveiller les échanges des internautes en direct et sans passer par le fournisseur d’accès. La téléphonie mobile est soumise au même traitement. Installé pour la première fois en 1998, ce dispositif a depuis été considérablement amélioré et élargi. Aujourd’hui plus personne ni aucune communication en Russie n’échappe aux « grandes oreilles ». Ces mesures ont été instaurées sous l’impulsion de Vladimir Poutine qui répète à qui veut l’entendre qu’Internet est une création de la CIA américaine destinée à espionner la Russie. M. Poutine le sait de source sûre, de l’époque où il était lui-même officier du KGB rebaptisé FSB par la suite.
« La bataille du Runet ou comment le pouvoir manipule l’information et nous surveille », un livre d’Andreï Soldatov et d’Irina Borogan raconte les coulisses de la censure sur Internet en Russie
Sorti d’imprimerie à Moscou il y a quelques jours, le livre « La bataille du Runet » des journalistes Andreï Soldatov et Irina Borogan, la version en russe de leur livre The Red Web publié en anglais, en donne un aperçu :
« Le dernier modèle de dérivation appelé SORM-3 est un boitier au format standardisé qui peut être inséré dans n’importe quel rack informatique. Il se branche sur le serveur du fournisseur d’accès internet ou de l’opérateur de téléphonie mobile et retransmet l’ensemble des informations à la direction régionale du FSB. Un opérateur qui refuse l’installation des dérivations sur son équipement, n’obtiendra jamais l’autorisation d’exercer. Il n’existe aucun contrôle judiciaire sur l’utilisation de ce système de surveillance totale. Toute personne qui a passé un coup de fil avec son mobile ou a envoyé un mail étant sur le territoire russe, est concernée. Cette surveillance est notamment à l’origine de nombreuses publications compromettantes et des retranscriptions des conversations téléphoniques des opposants divulguées par la presse »
Les communications des opposants ne sont pas les seules concernées. Nombre d’hommes d’affaires russes souhaitent connaitre la teneur des conversations de leurs concurrents. Pour les membres du FSB en charge des écoutes, la revente du « compromat », des enregistrements de conversations ou de mails, est devenue une belle source de revenus non-déclarés. Raison de plus qui les pousse à investir massivement dans la sophistication des écoutes.