Les choses se corsent pour Auchan en Russie, les résultats continuent de se dégrader. Johannes Tholey, le super-patron embauché pour redresser l’entreprise vient d’être débarqué après seulement quatorze mois à ce poste. Il a réussi à s’aliéner les managers français par une gestion des RH hasardeuse qui privilégiait les cadres russes, pas nécessairement les plus compétents.
Auchan Russie était bien établi dans le trio des leaders de la grande distribution en Russie pendant des années, jusqu’à en être expulsé en 2017. Le distributeur français affichait même les meilleurs résultats en termes de rendement au mètre linéaire sur l’ensemble de la grande distribution russe. Qu’est-ce qui a mal tourné ?
Les versions diffèrent selon les sources. Dans un article paru fin décembre 2020, Les Echos revenaient sur les plans de Johannes Tholey pour redresser l’entreprise. Cet Allemand expat exerce sur le marché russe depuis une quinzaine d’années. Il dirigeait la filiale locale de l’enseigne de grande distribution Globus et sa quinzaine d’hypermarchés entre 2010 et 2016. En 2018 il était devenu membre du comité de direction du groupe X5 Retail, leader du marché de grande distribution en Russie.
Tholey a pris la direction de l’entreprise fin 2019, sur fond des affaires de corruption dans le service des achats et autour des contrats pour les marques propres du distributeur. Les appels d’offres truqués élaborés par certains managers faisaient perdre à l’entreprise entre 80 et 100 millions d’euros par an, soit entre 2% et 3% de son chiffre d’affaires en Russie, selon un audit interne qui a failli couter la vie à son auteur (cf Fil Franco-Russe N°177). Auchan Russie, auparavant source de bénéfices conséquents et réguliers pour la maison mère, a enregistré des pertes de près de 14 millions d’euros en 2019. Son chiffre d’affaires, de 4,3 milliards d’euros, a affiché une baisse de 7%. Une trentaine de magasins ont été fermés la même année, sur plus de 300 points de vente dont 277 hypermarchés et supermarchés que l’entreprise totalisait en Russie. Comble d’humiliation, Auchan Holding a été obligé d’injecter 200 millions d’euros dans sa filiale russe « pour assurer sa stabilité financière et renforcer son indépendance envers les banques » en 2019… La suite de cet article est réservée aux abonnés.
Abonnez-vous pour lire tous les articles du Fil Franco-Russe : Profitez de notre offre d’essai gratuit