Les importateurs encore actifs en Russie, affrontent de plus en plus de problèmes logistiques et financiers. Les sanctions ont limité la liste des marchandises qui peuvent être envoyées vers ce marché. Et même pour les marchandises qui ne sont pas frappées par les sanctions, l’acheminement devient compliqué. « Mes containeurs en provenance des pays actifs dans la vigilance, des Etats-Unis notamment, sont systématiquement stoppés par les douanes du lieu de départ pour des vérifications qui durent sans fin. J’ai mis plusieurs semaines à les débloquer. Désormais mes partenaires en Russie ont créé un nouvel itinéraire logistique avec l’intervention d’un agent en Turquie qui prête son adresse comme destinataire pour les douanes américaines et qui sert de plate-forme de réacheminement », témoigne un importateur de matériel médical.
Les marques qui continuent d’opérer en Russie, rapportent des problèmes d’approvisionnement. Dernièrement le danois Lego a annoncé la mise à l’arrêt d’une partie de ses 81 magasins en Russie gérés par Inventive Retail Group, pour cause d’approvisionnement impossible. Le réseau a tenu trois mois sur ses stocks locaux mais désormais il n’y a plus d’articles à vendre.
Le même Inventive Retail Group avait annoncé plus tôt la fermeture de son réseau de 37 boutiques Nike pour cause de rupture d’approvisionnements. Nike avait annoncé l’arrêt des activités sur le marché russe au mois de mars mais les opérateurs indépendants restaient actifs. La marque a fini par annoncer sa décision de ne pas reconduire ses contrats de franchise.
Le paiement des livraisons pose tout autant de soucis. L’administration russe a un peu lâché du lest sur le contrôle des changes. Mais les banques russes se retrouvent de plus en plus nombreuses sous sanctions et débranchées du réseau interbancaire Swift. Dernière en date a être renvoyée, la Sberbank, la principale banque publique du pays qui servait longtemps de tête de pont pour des opérations transfrontalières. Désormais les importateurs se replient sur des banques de plus petite taille et qui n’ont pas été compromises par des opérations au profit de la puissance publique. Ces banques encore connectées se sentent obligées de multiplier des vérifications avant de réaliser les transactions transfrontalières et elles n’hésitent pas à augmenter les coûts appliqués à ces opérations. Chez Tinkoff Bank, par exemple, la commission correspondante a doublé. Mais les clients ne se plaignent pas car ils n’ont guère le choix.
Les problèmes des importateurs ne se limitent pas à l’envoi du paiement. De plus en plus de banques occidentales refusent aujourd’hui de recevoir des virements en provenance de la Russie. Les listes des entreprises et hommes d’affaires sanctionnés s’allongeant, les banques sont devenues méfiantes envers des virements qui pourraient violer les règles de « compliance ». Elles préfèrent rejeter un virement plutôt que prendre le risque de violer une règle. Et ce quel que soit le montant en jeu. Ce qui crée des situations compliquées où un virement refusé peut mettre plusieurs jours voire semaines avant d’être re-crédité sur le compte de l’importateur, et allégé des frais conséquents. « Les banques occidentales partenaires habituels de notre entreprise, ont refusé de recevoir nos paiements pour les marchandises livrées en Russie. Alors je suis allé voir une banque en Europe qui gère mes capitaux personnels. Après quelques discussions intenses et des engagements de mon côté, elle a accepté de recevoir les paiements pour un nouveau contrat que je peux maintenant signer », témoigne un importateur. Adeptes du système D, les entrepreneurs russes comptent bien utiliser le relationnel pour sécuriser leur business.
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